Le 7 octobre 2015, le gouvernement conservateur sud-coréen a annoncé son intention de revenir à des manuels d'histoire d'Etat dans les établissements secondaires, suivant la pratique en vigueur entre 1973 et 2009 - et non plus à un choix entre des manuels édités par huit maisons d'édition habilitées par un comité d'experts. L'opposition démocrate est vent debout contre cette tentative de la droite sud-coréenne d'imposer sa vision de l'histoire - de fait, les conservateurs ont clairement annoncé la couleur : mettre fin à la conception selon eux "gauchiste", trop favorable à la Corée du Nord, enseignée dans les actuels manuels scolaires, et réhabiliter le régime militaire, et tout particulièrement celui très autoritaire établi par le général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente Park Geun-hye, en mettant notamment l'accent sur ses réalisations économiques.
Imposer une vision unique de l'histoire, notamment dans l'enseignement, a toujours été une préoccupation des régimes autoritaires dans leur volonté de révisionnisme historique : en voie de fascisation, la Corée du Sud de Mme Park Geun-hye a donc franchi allègrement ce pas en annonçant que, à compter de 2017, une conception selon elle "correcte" et "équilibrée" de l'histoire serait enseignée dans le secondaire à travers des manuels d'Etat dûment estampillés par les autorités gouvernementales.
Experts dans l'art de faire passer des réformes antidémocratiques pour une défense des libertés, ayant déjà interdit le principal parti de gauche au nom d'une soi-disant défense de la démocratie mais en forgeant un procès de toutes pièces, les conservateurs sud-coréens, héritiers du régime militaire à l'origine de milliers d'assassinats politiques en Corée du Sud pendant trente ans, osent prétendre que la vérité naîtra de la fin du débat contradictoire et de l'étouffement des voix discordantes.
Pour justifier sa contre-réforme, la droite conservatrice invoque une demande de l'opinion publique ; en fait, le parti Saenuri au pouvoir a lui-même créé de toutes pièces un mouvement d'opinion réactionnaire pour le révisionnisme historique dans les manuels scolaires.
L'opposition démocrate sud-coréenne réunie au sein de l'Alliance de la nouvelle politique pour la démocratie a exigé l'établissement d'un vrai consensus sur cette question, et demandé la constitution d'une commission d'enquête parlementaire.
Des inquiétudes se sont exprimées non seulement en Corée du Sud, mais aussi à l'étranger, notamment au Japon où les opposants au révisionnisme historique du gouvernement Shinzo Abe craignent non seulement une exacerbation des tensions Corée-Japon, mais aussi que les autorités de droite japonaises prennent prétexte du précédent sud-coréen pour aller plus loin encore dans leur dérive autoritaire. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient les démocrates opposés à la réforme des manuels scolaires, que veut une nouvelle fois imposer au forceps une administration conservatrice aux abois, affolée par la perspective de pouvoir être désavouée aux législatives du printemps 2016 et à l'élection présidentielle de décembre 2017.
Principales sources :
Cette nuit en Asie : la Corée du Sud veut réécrire l'Histoire pour ses enfants
Une nouvelle polémique malsaine devrait bientôt éclater en Asie de l'Est où les grandes capitales ne cessent de réinterpréter l'Histoire pour dénoncer les actes passés de leurs grands voisi...
Le gouvernement veut se charger de la publication des manuels scolaires d'histoire
Le gouvernement a l'intention de prendre en charge la publication des manuels d'histoire utilisés dans le secondaire afin de présenter une vision de l'histoire plus "équilibrée", a annoncé ce ...
http://french.yonhapnews.co.kr/news/2015/10/07/0200000000AFR20151007002600884.HTML
Yonhap est l'agence officielle pro-gouvernementale de la Corée du Sud. Elle est chargée de diffuser une information conforme aux objectifs du pouvoir conservateur, présentant les réformes antidémocratiques en cours sous un jour acceptable pour les opinions publiques sud-coréenne et occidentales. Pour ce faire, elle minimise - voire tait- les critiques de l'opposition contre la dérive autoritaire en cours au Sud de la péninsule, en censurant par exemple leurs arguments dans cet article prétendument "informatif" évitant tout terme de nature à révéler les intentions des groupes de pression réactionnaires initiés par les conservateurs du parti Saenuri.
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