Le 9 mai 2015, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé que la RPDC avait procédé au succès au lancement d'un nouveau missile mer-sol balistique stratégique (MSBS, acronyme anglais SLBM) baptisé Polaris (Etoile polaire), sur l'initiative personnelle du Maréchal Kim Jong-un, commandant suprême de l'Armée populaire de Corée (APC), qui a assisté à l'opération. Cité par KCNA, le dirigeant suprême nord-coréen a souligné que la RPDC disposait désormais d' "une arme stratégique de niveau mondial capable de frapper et d'annihiler dans toutes les eaux les forces hostiles empiétant sur la souveraineté et la dignité (de la RPDC) ainsi que de mener des opérations sous-marines". Comme le souligne un article de The Diplomat (intitulé : "Première : la Corée du Nord a testé un MSBS Polaris 1", chapeau : "Pour la première fois, la Corée du Nord a testé ses MSBS, soulevant des inquiétudes régionales"), que nous avons traduit de l'anglais ci-après, et dont les analyses n'engagent que The Diplomat. Selon l'auteur de l'article, Ankit Panda, la RPD de Corée progresserait vers la constitution d'une composante navale de sa force de dissuasion nucléaire, et confirme son avance sur la République de Corée (Corée du Sud) dans le domaine balistique. Si les néo-conservateurs ont dénoncé une violation des sanctions des Nations Unies prohibant les activités nucléaires militaires et balistiques de la RPDC, les Etats-Unis ont réagi avec prudence, au moins dans un premier temps, appelant Pyongyang à s'abstenir d'initiatives de nature à entraîner une aggravation des sanctions. Plutôt que d'enclencher un nouveau cycle de sanctions qui ont prouvé leur inefficacité pour enrayer les progrès militaires de la RPDC, Washington pourrait reconsidérer son approche de la question coréenne, alors que les médias américains ont évoqué le fait, après le lancement du missile Polaris, que les Etats-Unis auraient envisagé une reprise du dialogue.
Kim Jong-un ne pouvait pas se rendre à Moscou pour célébrer le Jour de la Victoire de la Russie dans la Seconde guerre mondiale et il a fait ce qu'il pouvait faire sinon de mieux (NdT : la Russie espérait la visite du Maréchal Kim Jong-un pour les célébrations, le 9 mai, de la fin de la Seconde guerre mondiale, mais le ministère des Affaires étrangères de la RPDC a finalement indiqué que le Premier secrétaire du Parti du travail de Corée était retenu en Corée pour des motifs internes au pays ; c'est le Président du Praesidium de l'Assemblée populaire suprême, Kim Yong-nam, qui a représenté la RPDC aux cérémonies) : superviser le premier essai d'un missile mer-sol balistique stratégique (MSBS). La voix officielle du régime, l'Agence centrale de presse coréenne (Korean Central News Agency, KCNA), a observé que Kim Jong-un avait regardé le MSBS nord-coréen Bukkeukseong-1 (“Polaris-1”) "s'élancer vers le ciel".
Comme le montrent les quelques images précises publiées par KCNA, l'apparence du missile rappelle les MSBS russe R-27 et serbe SS-N-6, et il serait constitué d'un seul étage, pour permettre le stockage du combustible liquide. En première analyse, les images de KCNA apparaissent authentiques et n'avoir été trafiquées d'aucune manière.
Ni KCNA, ni les sources secondaires n'ont vérifié la localisation de la base de lancement du missile. KCNA a souligné que le lancement avait été effectué loin des terres. Dans les images diffusées par l'agence, Kim Jong-un apparaît suivre le lancement depuis le pont d'un bateau. L'agence de presse sud-coréenne Yonhap émet l'hypothèse que le lancement aurait eu lieu vendredi (NdT : 8 mai) au large des chantiers navales situés au Sud du port nord-coréen de Sinpo, installés sur la côte Est du pays (d'après l'analyse des images satellitaires, Sinpo est largement considérée comme le site de recherche et de développement des MSBS de la Corée du Nord).
La tir marque une étape décisive dans le programme engagé par la Corée du Nord pour moderniser et développer ses capacités offensives, en apportant la preuve des nets progrès réalisés par le régime vers la mise en place d'une capacité de frappe navale difficile à détecter. Selon Yonhap, si la Corée du Nord peut rendre opérationnels ses MSBS en termes de fiabilité et de précision, elle sera "en avance d'au moins une décennie sur le Sud". La marine sud-coréenne prévoit de déployer des MSBS d'ici 2030, sur six sous-marins de 3 000 tonnes.
Fondamentalement, si la Corée du Nord parvient à combiner ses MSBS avec des engins nucléaires, elle pourrait former une composante navale de sa force de dissuasion nucléaire. D'après ce que l'on sait du programme d'armes nucléaires de la Corée du Nord, Pyongyang a miniaturisé avec succès des armes nucléaires.
Pour l'instant, les officiels sud-coréens regardent l'essai de vendredi comme concentré d'abord sur l'expulsion d'un MSBS. Un tel essai signifierait que l'efficacité du missile en termes de portée et de précision n'était pas son objectif premier. Les militaires nord-coréens étaient probablement plus intéressés par la capacité du Polaris-1 à franchir la surface de l'eau avec une poussée appropriée. Les officiels sud-coréens estiment que le missile a volé sur environ seulement 100 mètres au-dessus de la surface de l'eau.
Le Bukkeukseong-1 confirme les rapports antérieurs d'officiels américains, notamment de l'Amiral Cecil D. Haney qui dirige le commandement stratégique américain, que la RPDC a effectué des progrès concrets vers son premier MSBS. En fin d'année dernière, le Général Curtis Scaparrotti, commandant des forces américaines en Corée, a dit être convaincu que la Corée du Nord disposait de "la technologie nécessaire pour pouvoir effectivement affirmer qu'ils ont ce qu'ils disent avoir". L'essai de vendredi ajoute foi à l'un et l'autre de ces affirmations.
Source : traduction de l'anglais (AAFC-SB) de
A First: North Korea Tests 'Polaris-1' SLBM
Kim Jong-un couldn't head to Moscow to celebrate Russia's Second World War Victory Day so he settled for the next best thing: overseeing the first-ever test-firing of a North Korean ...
http://thediplomat.com/2015/05/a-first-north-korea-tests-polaris-1-slbm/
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