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28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 15:12

Sorti le 27 avril 2015, le dernier album "The Magic Whip" du groupe de rock anglais Blur comprend une chanson intitulée Pyongyang, qui fait directement référence au voyage en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), deux ans plus tôt, de Damon Albarn. Dans un album traversé d'influences asiatiques (Blur a séjourné à Hong Kong et la pochette porte le nom de l'album et du groupe en chinois), le titre Pyongyang dénote :  le son lancinant du synthétiseur, et des paroles empreintes de nostalgie, rendent compte d'une volonté de témoigner musicalement d'un séjour qui a fasciné le chanteur du groupe, par ailleurs engagé politiquement.

Un dernier regard depuis la fenêtre de l'hôtel Yanggakdo avant le départ, demain, de Corée du Nord. La chanson Pyongyang de Blur est empreinte d'une irrésistible nostalgie où, dans la pénombre, reviennent les images des cerisiers, du Palais mémorial Kumsusan et du halo rose qui entoure les portraits des dirigeants. Damon Albarn engage une discussion improbable avec l'un des nombreux Coréens croisés en silence pendant son séjour, Coréens à la fois si proches et si lointains : "Enfant [...] les rues sembleront vides sans toi [...] Je pars." 

 

Le chanteur de Blur, qui souhaite retourner en Corée du Nord et se dit en quête de quelque chose, a voulu rendre compte en musique des impressions de son voyage à Pyongyang. Damon Albarn a été plongé dans un monde quasi-irréel aux avenues parfaites. Blur a adopté pour la chanson Pyongyang un style minimaliste soigné, sur un tempo de synthétiseur doux et étrange, presque empreint d'inquiétude, où s'immiscent quelques paroles en coréen. C'est d'une atmosphère dont a voulu témoigner Damon Albarn, comme il l'a indiqué dans un entretien au magazine GQ :

Mec, c'était étrange. Quand tu décides de faire quelque chose comme cela [aller en Corée du Nord], tu ne le fais pas par caprice. Il faut suivre un processus, obtenir une permission - ça ne consiste pas seulement à dire "Je prends un avion". Quand tu vas là-bas, la meilleure description que je peux en faire est celui d'un royaume magique, au sens où tout le monde est sous le charme. Les statues et les édifices sont absolument partout - partout où tu vas on te rappelle la famille Kim. Ils sont véritablement omniprésents. Mais la seule preuve de l'existence d'une élite est quand tu vois au coin d'une rue deux Range Rovers noires accélérant dans une rue déserte. Mais à part cela la Corée du Nord est pleine de gens normaux, qui existent simplement sous ce charme dément.

Damon Albarn évite de porter le moindre jugement : en artiste conséquent, il fait partager son ressenti. Mais l'approche par l'expression des sentiments ne signifie nullement un désintéressement : militant engagé pour la paix, notamment contre la guerre en Irak en 2003, il admirait son grand-père, Edmund Albarn, architecte rejeté de la société britannique car, objecteur de conscience, il avait refusé de combattre pendant la Seconde Guerre mondiale - avant de décéder en 2002 après une grève de la faim.  

"Pyongyang" de Blur, un témoignage musical de Damon Albarn

Sources :

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