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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 16:20

Le 20 avril 2015, Lee Wan-koo, Premier ministre de la République de Corée (Corée du Sud), a remis sa démission, à peine plus de deux mois après son investiture, le 17 février 2015. Lee Wan-koo était sous le feu des critiques - notamment de l'opposition démocrate de la Nouvelle alliance politique pour la démocratie (NAPD), le dirigeant du NAPD Moon Jae-in avait exigé son départ - après avoir été cité dans un scandale de corruption : le 9 avril, Sung Wan-jong, PDG de l’entreprise de construction Keangnam, s'était suicidé en laissant derrière lui une liste de personnes auxquelles il aurait versé des pots-de-vin, parmi lesquelles Lee Wan-koo et d'autres proches de la présidente sud-coréenne, Mme Park Geun-hye. Cette dernière est elle-même sévèrement mise en cause par l'opinion publique, étant en voyage en Amérique latine un an après le naufrage du ferry Sewol ayant entraîné 304 morts : non seulement la Présidente Park est absente de Séoul à la date anniversaire de ce drame, mais les familles des victimes accusent le pouvoir sud-coréen de faire obstruction à la recherche de la vérité sur le Sewol. Alors que la colère grandit, l'attitude des autorités sud-coréennes à l'encontre de manifestations essentiellement pacifiques a suscité une vive réaction d'Amnesty International qui a dénoncé une répression "totalement injustifiée et inutile", constituant "une insulte aux victimes".

Lee Wan-koo, Premier ministre démissionnaire

Lee Wan-koo, Premier ministre démissionnaire

La crise s'approfondit chaque jour un peu plus en Corée du Sud, dans un climat de décomposition morale et politique marqué par la démission des autorités sud-coréennes et le raidissement de l'administration Park Geun-hye contre toute manifestation d'opposition. Après la condamnation de l'ancien chef des services de renseignement (NIS) du fait de l'implication du NIS dans l'élection présidentielle de 2012 ayant vu la victoire de Mme Park (mais qui conserve toute sa confiance au NIS, puisqu'elle a nommé leur directeur au poste de chef de son cabinet), puis la parodie de justice constitutionnelle ayant conduit à l'interdiction du Parti progressiste unifié (opposition de gauche) en décembre 2014, le pouvoir continue de criminaliser ses adversaires en annonçant des poursuites contre des éléments stigmatisés comme "violents", auxquels il cherche à assimiler coûte que coûte les manifestants pacifiques qui ont défilé à Séoul le 18 avril, un an après le naufrage du Sewol.

La remise de sa démission par le Premier ministre Lee Wan-koo, dont il est attendu qu'elle soit acceptée par la chef de l'Etat dès son retour de voyage en Amérique latine, n'est lui-même que l'énième épisode d'un feuilleton politique autour de la nomination du Premier ministre. Le précédent titulaire du poste, Chung Hong-won, entré en fonctions le 26 février 2013, avait remis sa démission le 27 avril 2014, après la catastrophique gestion du naufrage du ferry Sewol, survenu onze jours plus tôt. Le candidat pressenti pour remplacer Chung Hong-won, l'ancien juge de la Cour suprême Ahn Dae-hee, avait dû renoncer six jours seulement après sa désignation, étant impliqué dans une affaire de jeongwanyewu, terme coréen désignant la corruption sous forme de collusion entre les anciens juges et leurs collègues toujours en fonctions : les premiers deviennent avocats et usent de leurs réseaux d'influence auprès des seconds. La Présidente Park Geun-hye avait finalement choisi de réinvestir Chung Hong-won.

Collusion entre le big business et les conservateurs au pouvoir, corruption de l'administration dans ses différentes composantes, politisation d'un appareil de renseignement surdimensionné sous le prétexte de la menace nord-coréenne, répression violente des opposants soumis à des procès iniques : il y a un air de déjà-vu dans la dérive autoritaire en cours en Corée du Sud. Il appartient à tous les partisans de la démocratie de se tenir aux côtés des Sud-Coréens qui luttent pour la liberté, afin que demain ne ressemble pas à hier. Car entre 1961 et 1987 des milliers de Coréens ont été tués par la junte militaire qui faisait alors régner la terreur à Séoul, suite au coup d'Etat ourdi par le général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente sud-coréenne.


Sources :

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