Le 17 décembre 2014, le président américain Barak Obama a annoncé un assouplissement de l’embargo américain à l’égard de Cuba. Alors que les dirigeants d’Amérique du Sud et d’ailleurs dans le monde (dont le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius) se félicitent d'un geste diplomatique qui tient de la « rectification historique » (selon le président vénézuélien Nicolas Maduro), une interrogation demeure : comment expliquer ce courage diplomatique (le choix de Barak Obama ne fait pas consensus au sein du Congrès américain) à géométrie variable ? En effet, de l’autre côté de la planète, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) réclame depuis des décennies l’établissement de relations diplomatiques normales avec les États-Unis (et la France) ainsi que la fin du plus vieil embargo au monde. Mais Pyongyang se heurte à un mur.
« Deux poids, deux mesures ». Si on ne peut que se réjouir pour le peuple cubain de l’annonce de l’assouplissement de l’embargo et de l’échange d’ambassadeurs entre Washington et la Havane, on note aussi, une fois de plus, la diplomatie à géométrie variable des États-Unis. Le Président Obama a justifié le desserrement de l’étau américain sur la plus grande île des Caraïbes par le fait que Washington entretien des relations diplomatiques très actives avec d’autres pays communistes, citant notamment la Chine et le Vietnam. Barak Obama oublie sans doute qu’un autre pays d’Asie, la République populaire démocratique de Corée, constitue, à l’instar de Cuba, un pays socialiste avec lequel les États-Unis refusent de communiquer.
Deuxième argument développé par M.Obama , la libération de l’espion Alan Gross, détenu à Cuba depuis 2009, ainsi que d’un agent de renseignement infiltré à Cuba depuis plusieurs décennies. Là encore, cet argument détonne pour un connaisseur de la question coréenne. En effet, en novembre 2014, la RPDC a libéré plusieurs citoyens des États-Unis ayant violé la loi nord-coréenne, et ne retient aujourd’hui plus aucun prisonnier américain sur son territoire.
Enfin, le président américain a appuyé son initiative diplomatique sur l’échec de l’embargo américain visant à faire tomber le régime castriste. Or, contrairement a ce qu’a indiqué la presse, le plus vieil embargo imposé par les États-Unis n’est pas celui visant la Havane mais celui ayant pour cible la Corée du Nord, dont l’économie vit sous embargo depuis 1950, soit onze ans avant Cuba.
Les pays occidentaux qui refusent encore aujourd’hui la reconnaissance diplomatique pleine et entière de la RPDC (États-Unis, France, Japon notamment) devraient s’interroger sur leurs pratiques diplomatiques à géométrie variable et certainement « désidéologiser » leur vision des relations internationales en acceptant que d’autres régimes politiques puissent exister à leurs côtés.
Sources :
L'embargo sur Cuba vit-il ses dernières heures ?
Le Monde | * Mis à jour le | Par Gilles Paris (Washington, correspondant) L'objectif de cet embargo, accompagné dès 1961 de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, était de ...
President Obama's Cuba Speech (Full HD)
President Obama's speech on normalizing relations with Cuba and urging an end to the embargo that has existed since 1961. Subscribe to TDC: https://www.youtube.com/TheDailyConversation/ Like our ...
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