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9 novembre 2014 7 09 /11 /novembre /2014 22:08

Les trois Américains qui étaient détenus en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) sont désormais libres et de retour aux Etats-Unis : après Jeffrey Fowle, libéré il y a deux semaines, Kenneth Bae et Matthew Todd Miller - qui avaient, pour leur part, été condamnés à de lourdes peines - ne sont plus détenus en RPDC, ainsi que l'ont annoncé les médias occidentaux ce 9 novembre 2014. Il n'y a donc plus désormais de prisonniers américains en Corée du Nord. Le directeur du renseignement national (DNI) des Etats-Unis, James Clapper, placé sous l'autorité directe du Président Barack Obama, s'est rendu à Pyongyang, d'où il est revenu accompagné de  Kenneth Bae et Matthew Todd Miller, à l'issue de "discussions avec la RPDC" dont rien n'a filtré. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) se félicite de cet heureux dénouement, qui signifie un geste des autorités nord-coréennes à l'égard des trois Américains qu'elle détenait. Au-delà de leur sort, c'est aussi - et peut-être surtout - un nouveau signe d'ouverture de la RPD de Corée vis-à-vis des Etats-Unis : l'AAFC espère que pourra ainsi s'engager le retour au dialogue dans la péninsule coréenne pour régler les questions en suspens, et que Washington acceptera de serrer la main tendue par Pyongyang.

L'Américain d'origine coréenne Kenneth Bae, à son retour de RPDC où il avait été condamné

L'Américain d'origine coréenne Kenneth Bae, à son retour de RPDC où il avait été condamné

Le fait est à notre connaissance sans précédent dans les relations bilatérales entre les Etats-Unis et la RPD de Corée : la visite du principal responsable du renseignement des Etats-Unis pour obtenir la libération de citoyens américains emprisonnés, et un heureux dénouement salué par le Président Barack Obama en personne, à l'issue de tractations - qui semblent avoir été longues - entre les gouvernements américain et nord-coréen.

Ce genre d'événement ne donne pas lieu habituellement à de nombreux commentaires - à commencer par les éventuelles contreparties obtenues par la partie (ici, la RPDC) ayant fait un geste, et que nie (forcément) la partie qui les aurait accordées. Tout juste saura-t-on que James Clapper était porteur d'une lettre du Président Obama, dont rien n'a filtré sinon l'attachement des Etats-Unis aux droits de l'homme... mais croit-on sincèrement qu'un tel courrier ait pu se limiter à ce contenu ? En l'espèce, on ne sait pas non plus qui James Clapper a rencontré en Corée du Nord, ni a fortiori de quoi il a pu discuter.

Mais l'essentiel est sans doute ailleurs : un canal de dialogue entre les deux pays s'est ouvert, et c'est une excellente nouvelle pour tous ceux qui espèrent la reprise de discussions en vue de trouver des solutions diplomatiques aux tensions, toujours persistantes, autour de la péninsule coréenne. Mais les Etats-Unis voudront-ils continuer à discuter avec la RPDC, alors que de toute évidence le dialogue s'est engagé à l'initiative de la partie nord-coréenne ? Le récent succès des républicains aux élections de mi-mandat aux Etats-Unis ne crée pas, à cet égard, de conditions particulièrement favorables.

Un point, enfin, mérite d'être souligné : à la différence de leur compatriote Jeffrey Fowle, libéré deux semaines plus tôt, Matthew Miller et Kenneth Bae avaient été condamnés, pour des faits qui touchent à l'espionnage. En particulier, Matthew Miller, pendant son procès, avait déclaré avoir déchiré son visa non pas en vue de demander l'asile politique (comme il l'avait alors déclaré, selon son témoignage diffusé par les autorités nord-coréennes), mais en réalité pour être condamné et témoigner sur les prisons nord-coréennes, afin de les dénoncer. Son séjour auparavant en Corée du Sud, ainsi que son intérêt pour la partie Nord de la péninsule, accréditent l'hypothèse de sa proximité avec les activistes anti-RPDC, eux-mêmes liés aux milieux du renseignement américain et sud-coréen. Dès lors, est-il si surprenant qu'un dirigeant du renseignement américain négocie et obtienne leur libération ? Les familles des deux intéressés s'étaient tenues à une grande discrétion pendant leur détention. Il y a maintenant fort à parier que Kenneth Bae et Matthew Miller se taisent, contrairement à Jeffrey Fowle qui a reconnu, après son retour, avoir délibérément fait du prosélytisme religieux en Corée du Nord. Sa libération plus précoce indique néanmoins que les faits qui lui étaient reprochés étaient moins lourds qu'en ce qui concerne ses deux compatriotes qui avaient été, quant à eux, condamnés à de lourdes peines.

Sources :

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