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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 22:52

Paul Jean-Ortiz, conseiller diplomatique du Président François Hollande, est mort dans la nuit du 30 juillet au 31 juillet 2014, des suites d'un double cancer, à l'âge de 57 ans. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a souhaité rappeler son rôle dans l'évolution récente des relations franco-coréennes, sans revenir sur les autres aspects de sa carrière - qui n'entrent pas dans notre domaine de compétences. Nous saluons un grand serviteur de la République et présentons nos condoléances à sa famille et à ses proches.

Disparition de Paul Jean-Ortiz

Paul Jean-Ortiz était né le 19 mars 1957 au Maroc. Son père, républicain espagnol ayant rejoint la France en 1939, avait créé une entreprise de cirage et d'eau de Cologne, avant d'épouser une jeune catholique bretonne au printemps 1957.

Trotskyste dans sa jeunesse, Paul Jean-Ortiz était ensuite devenu socialiste, rejoignant les cabinets ministériels socialistes. Spécialiste de la Chine, parlant parfaitement mandarin et l'un des meilleurs connaisseurs du monde chinois au Quai d'Orsay, il avait notamment été troisième secrétaire à Pékin (1987-1988), consul général à Canton (1992-1993), ministre conseiller à Pékin (2000-2005), directeur d'Asie et d'Océanie au ministère des Affaires étrangères et européennes à partir de septembre 2009, avant de devenir le conseiller diplomatique du Président de la République François Hollande depuis mai 2012. Déçu de ne pas avoir été nommé ambassadeur en Chine, il s'était investi dans l'équipe de campagne du candidat socialiste.

Déjà sensibilisé aux questions coréennes dans ses précédentes fonctions en Chine, Paul Jean-Ortiz avait été au coeur du processus d'ouverture du bureau français de coopération à Pyongyang, en octobre 2011, en tant que directeur d'Asie et d'Océanie. Cette élévation du niveau des relations diplomatiques entre la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) - alors que la France reste, avec l'Estonie, l'un des deux derniers pays de l'Union européenne à ne pas avoir établi de relations diplomatiques complètes avec la RPD de Corée - avait fait suite à la mission confiée par le Président de la République Nicolas Sarkozy à Jack Lang. En juillet 2011, Paul Jean-Ortiz avait visité Pyongyang pour finaliser les conditions d'installation du premier directeur du bureau français de coopération en Corée du Nord.

Comme conseiller diplomatique du Président de la République François Hollande, Paul Jean-Ortiz avait ensuite contribué à développer les relations avec la République de Corée (du Sud), au nom de l'impératif économique, suivant une ligne diplomatique fermant les yeux sur les atteintes aux droits de l'homme dans le Sud de la péninsule - alors que d'autres pays occidentaux, au premier rang desquels les Etats-Unis, s'inquiètent ouvertement de la dérive autoritaire à l'oeuvre à Séoul et tentent de faire pression sur les autorités sud-coréennes.

Certains responsables de l'AAFC avaient eu l'occasion de rencontrer Paul Jean-Ortiz, conseiller de l'ombre efficace, aux réponses parfois cinglantes à ses interlocuteurs, toujours fidèle serviteur de l'Etat. Dans une administration du Quai d'Orsay où la ligne traditionnelle d'indépendance de la France, conforme aux visées du général de Gaulle et du Président François Mitterrand, tend à être battue en brèche par une sensibilité qui, sous couvert de défense des droits de l'homme, s'inscrit dans des perspectives plus interventionnistes et atlantistes, Paul Jean-Ortiz avait souvent favorisé les seconds, tout en faisant preuve d'un pragmatisme qui l'avait conduit à faire évoluer sensiblement la diplomatie française sur la question coréenne.

Sources :

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