Il y a vingt ans, le 8 juillet 1994, disparaissait le Président Kim Il-sung de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). La veille, le fondateur de la RPD de Corée signait un document préparatoire à un sommet intercoréen qu'il aurait tenu avec son homologue du Sud - le Président Kim Young-sam. Pour en immortaliser le souvenir, les Nord-Coréens ont reproduit sa signature, avec la date du 7 juillet 1994, sur un monument que l'on peut visiter du côté Nord de la zone démilitarisée (DMZ). Le refus des autorités sud-coréennes d'adresser les condoléances aux dirigeants nord-coréens a alors reporté la perspective de ce qui aurait été le premier sommet intercoréen de l'histoire de la péninsule, divisée depuis 1948. L'Association d'amitié franco-coréenne revient sur ce sommet qui aurait pu avoir lieu.
Dans les dernières semaines de sa vie, avant sa disparition brutale le 8 juillet 1994, le Président Kim Il-sung de la RPD de Corée s'est consacré à la préparation d'un sommet intercoréen, qui aurait accéléré le rapprochement et la réconciliation entre le Nord et le Sud, après l'étape fondamentale constituée par l'accord de base intercoréen du 13 décembre 1991.
La tenue prochaine d'un sommet intercoréen avait été annoncée publiquement quelques jours plus tôt, à la fin du mois de juin. Le Président Kim Il-sung avait réitéré cette proposition ancienne de la RPD de Corée à l'ancien président américain Jimmy Carter - lors de la visite de ce dernier à Pyongyang, du 16 au 18 juin 1994. Son déplacement dans le Nord de la péninsule coréenne s'inscrivait dans le cadre de la recherche d'un accord plus global pour faire diminuer les tensions en Asie du Nord-Est, après le refus par Pyongyang que des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique visitent la RPD de Corée - ce qu'elle considérait comme une ingérence dans ses affaires intérieures.
Symboliquement, le Président sud-coréen Kim Young-sam aurait visité Pyongyang et la RPD de Corée du 25 au 27 juillet - cette dernière date marquant l'anniversaire de l'armistice de la fin de la guerre de Corée, sans qu'aucun traité de paix n'ait clos, à ce jour, le conflit le plus meurtrier de l'histoire de la péninsule. La coïncidence des dates témoigne que les questions de la paix et de la réunification de la Corée sont intimement liées.
Monument reproduisant la dernière signature apposée par le Président Kim Il-sung, le 7 juillet 1994, sur un document préparatoire à un futur sommet intercoréen (Panmunjom, DMZ)
La proposition du Président Kim Il-sung avait aussi reçu un accueil favorable à la présidence sud-coréenne grâce à l'appui d'autres puissance internationales, dont la Chine.
La réaction de Séoul à la disparition du Président Kim Il-sung devait cependant changer la donne : le refus du Président Kim Young-sam de présenter des condoléances officielles - à la différence, notamment, de l'ancien président Jimmy Carter, alors négociateur pour la partie américaine et soucieux de parvenir à un accord - avait suscité une vive réaction des autorités nord-coréennes, ne permettant plus la tenue du sommet intercoréen à Pyongyang. Par ailleurs, Séoul avait entravé les expressions de sympathie de citoyens et d'organisations du Sud envers leurs compatriotes du Nord.
Le premier sommet intercoréen devait finalement se tenir six ans plus tard, à Pyongyang, en juin 2000, entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et le sucesseur de Kim Young-sam, le Président Kim Dae-jung. Ironie de l'histoire, alors que Kim Young-sam et Kim Dae-jung s'étaient opposés comme leaders de l'opposition démocratique en Corée du Sud à l'époque de la junte militaire, ce sera le second qui aura réussi là où le premier aura échoué, après s'être rallié au pouvoir militaire qu'il combattait naguère pour se faire élire à la présidence de la République en 1992.
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